Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.
339
SUR LE ROMAN DE RENART.

mence le mélodieux récit, au milieu du plus grand silence :


Mox animi compos, rerum narramine dulci
    Tempora Reinardum tollere longa rogat :
Ut lupus exierit claustrum aut intrarit, et hospes
    Ut fuerit capreæ transieritque redux,
Factaque mutua, verba data atque relata vicissim,
    Aut cur aetatem dissimularit ibi.
Addit et ut gallus Reinardum luserit ipsum,
    Rex subridendo scire quoque illud avens.
Difficilis Reinardus erat, nam multa loquentem
    Sermo fatigarat continuatus eum ;
Sed Brunona rogat sibi saepe relata referre,
    At Bruno versus fecerat inde novos.
Quos ubi rex an vellet eos audire rogatus,
    Mandat, it allatum Gutero, moxque redit.
Datque urso, dedit ursus apro, legit ille ; silebat
    Dulcisonum auscultans curia tota melos.


Ce poëme, œuvre prétendue de l’ours, forme le troisième livre du Reinardus vulpes, et contient plusieurs aventures qui devoient précéder la vengeance d’Ysengrin, début du premier livre. Quand on ne devroit voir ici qu’un moyen de lier entre eux des récits composés d’abord sans aucun dessein de réunion, il faudroit encore reconnoître dans cet expédient une certaine connoissance des règles de la composition littéraire.

Au reste, sur les vingt-quatre aventures du Reinardus vulpes, il n’y en a que treize dont le fond se retrouve dans le Renart françois. Encore y sont-elles traitées avec de telles différences qu’elles ne laissent pas la faculté de supposer la plus légère imitation de l’une ou de l’autre, ni même que le latiniste ait pu connoître autrement que par ouï-dire l’existence des récits françois.