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NOUVELLE ÉTUDE

p. 379). Ce poëme au milieu du onzième siècle, où disputent de leurs avantages le lin qui donne à l’homme ses vêtemens, et la bête ou brebis qui le nourrit, étoit trop agréablement écrit pour n’avoir pas reçu bientôt la forme françoise à laquelle on fait ici allusion.

Mais à la fin du douzième siècle, on ne devoit plus guere lire ces vers du Lin et de la Beste : au lieu des lais du Chevrefoil et du Ravissement d’Héleine, on écoutoit les romans de Crestien de Troyes et de Robert de Borron ; on entendoit conter toutes les histoires de Troie. Enfin, à cette époque, l’Europe entière étoit déjà remplie du bruit de la querelle de Renart et Ysengrin. Un trouvère auroit donc mérité d’être raillé, s’il avoit alors promis d’apprendre ce que tout le monde connoissoit dejà ; et j’en conclus qu’il faut accorder à notre préambule une date plus ancienne que la fin du douzième siècle.

Plusieurs autres rapprochemens vont, je l’espère, confirmer les inductions précédentes. Voici d’abord le plus incertain de ces témoignages.

Quand Primaut refuse de partager avec Renart l’oison qu’ils avoient gagné de compagnie, Renart justement indigné s’écrie :

        Primaut, par foi,
Ne me portés pas bone foi.
Foi que je doi mon fil Rovel,
C’est la compaignie Tassel
Que vous me fetes voirement.

(Méon, vers 3819.)

Il est assez difficile d’expliquer quelle étoit cette compagnie Tassel. Je vois pourtant dans le Roman de Rou qu’en l’année 1105, Robert Courte-Heuse,