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CINQUANTIÈME-NEUVIÈME AVENTURE.

descendre, et lui monte à son tour sur le ventre. Voilà les rôles changés : Renart, entre les genoux d’Ysengrin, implore non pas son ennemi, mais tous les saints de Rome, pour éviter le salaire du faux serment qu’il a prêté. Et comme Ysengrin ne lui épargne pas les coups, il s’évanouit, devient froid comme glace, en déclarant vouloir mourir avant de se démentir et se reconnoître vaincu. Après l’avoir battu, frappé, laissé pour mort, Ysengrin se relève ; il est proclamé vainqueur. Les barons accourent de tous côtés pour le féliciter et lui faire cortège. Jadis les Troyens n’eurent pas autant de joie quand ils virent entrer Hélène dans leur ville, que n’en témoignent Brun l’ours, Tiecelin le corbeau, Tybert le chat, Chantecler le coq et Rooniaus le mâtin quand ils virent la défaite de Renart. Vainement les parens du vaincu s’interposent près du Roi ; Noble ne veut rien entendre, il ordonne que le traître soit pendu sur le champ. Tybert se met en mesure de lui bander les yeux ; Rooniaus lui lioit les poings, quand le malheureux Renart exhala un soupir annonçant qu’il vivoit encore, et ses premiers regards se portèrent sur les apprêts de son supplice.