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LE REPAS DE MORHOU.

cheval et son bon vin perdus du même coup par la faute d’un moineau. Il lui fallut abandonner la pauvre bête et poursuivre son chemin, tandis que Morhou descendoit sur la route et lampoit le vin tout à son aise, bien que s’il avoit eu le choix, il eût sans doute préféré l’eau d’une claire fontaine.

« Et maintenant Morhou, » dit Drouineau, « es-tu content ? — Plus que je ne saurois dire, bon Drouineau. J’ai, comme je l’espérois, regagné mes forces, et je n’ai plus qu’un seul désir, c’est de trouver bientôt damp Renart sur mon chemin. »


CINQUANTE-QUATRIÈME AVENTURE.

De la visite que Drouineau rendit à damp Renart, et comment on voit par l’exemple de Morhou qu’un bienfait est quelquefois récompensé.



En vérité, Morhou, » répondit Drouineau, « vous parlez on ne peut mieux et, si vous tenez votre promesse, je serai au comble de mes vœux. Attendez-moi, je vais à la recherche de l’ennemi ; je serai bientôt de retour, car je connois le chemin de son château. Je m’expose à un grand danger : peut-être laisserai-je