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LES ENFANTS DE DROUINEAU.

N’avois-je pas promis de les guérir ? je l’ai fait, leur goutte est entièrement passée : je te dirai mieux encore : j’aurois voulu qu’un si tendre père ne fût pas demeuré plus longtemps séparé de ses enfans. »

Après ces cruelles paroles, Renart s’éloigne et Drouin demeure seul à se lamenter : « Ah ! doux enfans, quel regret dois-je ressentir de votre mort ! C’est moi qui vous ai livrés ; sans moi, vous seriez encore vivans. Ah ! je ne tiens pas à rester après vous. » Il se laisse alors tomber de l’arbre, comme, chez nous autres hommes, ceux qui de désespoir se précipitent du haut de leur maison : l’herbe le reçut pâmé, privé de sentiment. Et quand il revint à lui, ce fut pour se lamenter encore, se frapper les flancs de son bec, s’arracher les plumes l’une après l’autre. Tout d’un coup, il lui vient une légère lueur d’espoir qui lui rend son courage. S’il pouvoit trouver un vengeur ! Cette pensée le décide à ne pas mourir ; il répare le désordre de ses ailes et prend la résolution de voyager jusqu’à ce qu’il ait rencontré le champion qui prendra en main sa querelle.