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LA CHASSE AU RENART.

la perdrix et s’en caressant agréablement les barbes.

« Ah ! méchant Renart, » disoit cependant le Chevalier, « tu as pris assurément leçon à l’école du diable ; mais que je ne sois jamais assis au soupper si tu ne me le paies enfin comme je l’entendrai. Ôtez les tables, j’ai perdu toute envie de revenir au manger. »

Les tables ôtées, Madame Florie vient embrasser son baron : « Croyez-moi, » lui dit-elle, « allez reposer, il en est temps ; minuit vont sonner ; vous devez être fatigué d’avoir tant chassé le goupil en bois et en maison. — Le goupil ? ne pensez pas que je m’en soucie ; mais allons dormir, puisque vous le souhaittez. » Ils entrent aux chambres où le lit étoit dressé. Tout y étoit ouvré à l’ambre ; l’imagier avoit figuré d’un excellent trait tous les oiseaux du monde, sans oublier la Procession Renart. Rien d’agréable comme ce travail, dans toutes ses parties. Le Chevalier, quand on l’eût déchaussé, se mit au lit où la dame ne tarda guères à venir le rejoindre, laissant sur une table deux cierges ardens pour combattre l’obscurité de la nuit. Tous dans le château reposèrent jusqu’au lendemain que les sergens et les écuyers se levèrent au grand jour. Le Veneur entra le premier dans la chambre au Chevalier qu’il trouva sur pied, déjà chaussé et prêt à se