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LA CHASSE AU RENART.

porte, et qu’assurément il n’est pas sorti depuis que le pont est relevé. Mais enfin puisqu’on ne peut le découvrir, cessons de lui donner la chasse, il se montrera quand on ne songera plus à lui. — Pour nous, » disent les autres, « nous le chercherons jusqu’à la nuit, nous aurions trop de honte s’il nous échappoit. — Comme il vous plaira, » dit le Chevalier, « pour moi je ne serai pas des vôtres. »

Il s’éloigne, et les autres se reprennent à chercher, en jurant qu’ils ne cesseront qu’à la nuit tombante. Ils renversoient encore les bancs, ils retournoient encore les lits, quand sonna le couvrefeu qui les avertit de s’arrêter. Revenus auprès du Chevalier : « Ah ! messire ! Renart est plus habile et plus fin que nous. — Comment ! ne l’avez-vous pas ? cela tiendroit de l’enchantement, c’est un présage, un avertissement que Dieu nous envoie. Après tout, il n’est pas aisé de gagner au jeu de Renart : mes chapons et ceux qui les gardent en savent quelque chose. Je croyois bien pourtant l’avoir ; il faut que Dieu ou le démon nous l’ait enlevé. Nous le chasserons une autre fois ; mais que je meure si je ne le fais arriver à male fin : je le promets à saint Denis en France auquel je suis voué ; je veux que ma pelisse soit plus chaude cet hyver,