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LES BACONS D’YSENGRIN.

Renart cependant arrive : il avoit bien mangé, il avoit le visage reposé, satisfait. « Eh ! bel oncle, qu’avez-vous ? vous me paroissez en mauvais point ; seriez-vous malade ? — Je n’en aurois que trop sujet ; nos trois beaux bacons, tu sais ? on me les a pris ! — Ah ! » répond en riant Renart, « c’est bien cela ! Oui, voilà comme il faut dire : on vous les a pris. Bien, très-bien ! mais, oncle, ce n’est pas tout, il faut le crier dans la rue, que vos voisins n’en puissent douter. — Eh ! je te dis la vérité ; on m’a volé mes bacons, mes beaux bacons. — Allons ! » reprend Renart, « ce n’est pas à moi qu’il faut dire cela : tel se plaint, je le sais, qui n’a pas le moindre mal. Vos bacons, vous les avez mis à l’abri des allans et venans ; vous avez bien fait, je vous approuve fort. — Comment ! mauvais plaisant, tu ne veux pas m’entendre ? je te dis qu’on m’a volé mes bacons. — Dites, dites toujours. — Cela n’est pas bien, » fait alors dame Hersent, « de ne pas nous croire. Si nous les avions, ce seroit pour nous un plaisir de les partager, vous le savez bien. — Je sais que vous connaissez les bons tours. Pourtant ici tout n’est pas profit : voilà votre maison trouée ; il le falloit, j’en suis d’accord, mais cela demandera de grandes réparations. C’est par là que les voleurs sont