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LA CONFESSION DE RENART.

demeurer sur un vivier jusqu’à ce qu’il eut la queue prise entre les glaçons. — Je l’ai fait pêcher tout une belle nuit dans la fontaine, pour y prendre, avec les dents, la lune qu’il croyoit être un fromage blanc. — Je le fis battre par les marchands de poisson. — Je le couronnai d’une belle tonsure à l’eau bouillante, il devint moine et chanoine, mais en lui voyant manger les ouailles, ceux qui l’avoient fait berger se vengèrent de ne l’avoir pas fait assommer. — Et quand Ysengrin eut, un jour, entrepris le siége de Maupertuis, avec l’aide de Brun l’Ours et nombre de bœufs et de sangliers, j’avois, de mon côté, pris à ma solde et retenu Rooniaus le mâtin qui m’avait amené plus de six mille de ses amis. Ils furent souvent battus et navrés pour moi : le siége levé, ils me demandèrent leurs soudées ; je m’accuse de leur avoir fait la loupe et de leur avoir manqué de parole. Je ne puis rappeler tous les autres tours que j’ai joués, mais il n’y a pas à la cour du Roi une seule bête qui n’ait à se plaindre de moi. Je ne parle pas des poules et des chapons du vilain, des frères et sœurs de la jeune Pinte, de Brun et du miel que je lui ai brassé ; de Tybert et des souris que je lui ai servies ; de tout cela et de bien d’autres méfaits je bats ma