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QUARANTE-DEUXIÈME AVENTURE.

longtemps par toute la France. Où êtes-vous, Tybert le chat ? Allez tout de suite trouver Renart ; dites à ce misérable roux qu’il ait à venir sans délai faire droit à ma cour, et qu’il ait soin de prendre avec lui non pas un sommier chargé d’or et d’argent pour distribuer, non pas de beaux sermons à débiter, mais une hart qui serve à le pendre. »

S’il avoit été libre de refuser, personne n’eût vu Tybert sur les chemins ; mais il n’y avoit pas d’excuse à produire ; il faut bon gré malgré que le prêtre aille au senne[1]. Tybert ayant donc pris congé, traverse une vallée qui le conduit au bois, résidence ordinaire de damp Renart. En découvrant le château de Maupertuis, sa première pensée fut pour Dieu qu’il réclama dévotement, puis il pria saint Leonard patron des prisonniers, de le défendre des méchans tours de Renart. Une chose ajoutoit à son inquiétude : comme il alloit frapper à la porte, il vit traverser, d’un sapin au frêne le plus proche, l’oiseau de saint Martin, le corbeau. « À droite, à droite ! » lui cria-t-il ; l’autre continua son vol à gauche. De ce triste présage Tybert conclut qu’il étoit menacé d’un grand malheur, et cela lui ôta l’envie d’entrer chez Renart. Mais qui peut éviter sa destinée ?

  1. Synode ou Concile.