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BRUN ET LES RAYONS DE MIEL.

car il fléchit de lassitude et d’épuisement devant les siéges. Chacun, en le voyant ainsi débarrassé de ses oreilles et de la peau de son chef, fit d’horreur un signe de croix. « Eh ! grand Dieu, frère Brun, » dit le Roi, « qui a pu t’accommoder ainsi ? Pourquoi déposer ton chaperon à la porte ? Mais le reste, où l’as-tu laissé ? — Sire, » dit avec la plus grande peine le pauvre Brun, « c’est Renart qui m’a mis en cet état. »

Il fit quelques pas, puis tomba comme un corps mort, aux pieds du Roi.


QUARANTE-DEUXIÈME AVENTURE.

Comment le roi Noble envoie Tybert le chat semondre Renart, pour la seconde fois ; et des souris qui ne passèrent pas la gorge de Tybert.



On auroit alors pu voir le roi Noble rugir, hérisser sa terrible crinière et se battre les flancs de sa puissante queue, en jurant par le cœur, les plaies, le sang et la mort Dieu. « Brun » dit-il, « l’odieux et méchant roux qui t’a maltraité n’a plus de composition à attendre ; les plus grands supplices seront encore trop doux pour lui. J’en ferai telle justice qu’on en parlera