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AVENTURE PREMIÈRE

Comment Renart emporta de nuit les bacons d’Ysengrin.



Renart, un matin, entra chez son oncle, les yeux troubles, la pelisse hérissée. « Qu’est-ce, beau neveu ? Tu parois en mauvais point, » dit le maître du logis ; « serois-tu malade ? — Oui ; je ne me sens pas bien. — Tu n’as pas déjeûné ? — Non, et même je n’en ai pas envie. — Allons donc ! Çà, dame Hersent, levez-vous tout de suite, préparez à ce cher neveu une brochette de rognons et de rate ; il ne la refusera pas. »

Hersent quitte le lit et se dispose à obéir. Mais Renart attendoit mieux de son oncle ; il voyoit trois beaux bacons suspendus au faîte de la salle, et c’est leur fumet qui l’avoit attiré. « Voilà, » dit-il, « des bacons bien aventurés ! savez-vous, bel oncle, que si l’un de vos voi-