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SECONDE CLAMEUR D’YSENGRIN.

pos, par quels conseils je l’ignore, de reculer précipitamment et de regagner son repaire. Ce fut, comme on le pense bien, à mon grand regret. »

L’Empereur ayant attentivement écouté, répondit : « Ysengrin, croyez-moi, désistez-vous de votre clameur ; vous n’avez aucun intérêt à rappeler votre honte. Les barons et les comtes, les rois eux-mémes sont exposés à des ennuis pareils : ils y sont peu sensibles. Tous ceux qui tiennent les hautes cours sont tout ce que vous pensez être, et jamais, pour si peu de chose, je ne vis faire tant de bruit. Les chagrins domestiques sont toujours de ceux dont on fait bien de ne rien dire. »

« Ah ! sire, » dit alors Brun l’ours, vous pourriez parler avec plus de convenance. Ysengrin est-il mort ou retenu prisonnier, qu’il n’ait pu trouver les moyens de se venger lui-même des insultes de Renart ? Tout au contraire, on le sait assez puissant pour ôter à ce roux les moyens de nuire ; mais il a été retenu par le respect de la paix nouvellement jurée. C’est à vous, souverain du pays, à prévenir la reprise des armes, à maintenir l’union entre vos barons. Nous sommes prêts à mettre haro sur ceux que vous accuserez. Ysengrin se plaint de Renart ; faites pronon-