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TRENTE-DEUXIÈME AVENTURE.

pagnie, on s’attacherait à moi de préférence, tandis qu’il esquiverait la recherche et la poursuite du vilain et de ses chiens. Et comme il savoit que le miel est la chose que j’aime le mieux au monde, il vint à moi, il y aura un an à la Saint-Jean : — Ah ! sire Brun, me dit-il, que je sais un beau pot de miel ! — Où est-il, où est-il ? demandai-je. — Eh ! chez Constant Desnoix. — Pourrai-je y mettre la tête ? — Oui vraiment, venez seulement avec moi.

Et dès la nuit suivante, nous étions à tâtonner le terrain, pour arriver à la Ferme. Nous avancions pas à pas, ne posant le pied qu’après avoir examiné si personne n’avoit suivi la même trace. Nous trouvons le guichet ouvert, nous pénétrons par la petite entrée, et pour ne rien aventurer, nous restons quelque temps sans mouvement dans les choux. Il étoit convenu que, d’abord, nous irions au pot, nous le briserions, nous mangerions le miel et puis nous retournerions. Mais Renart, en passant devant le gelinier, ne put se tenir d’y monter et de jeter l’alarme parmi les poules. Elles poussent des cris aigus ; le village s’émeut, les vilains accourent de tous les côtés, on reconnoit Renart et chacun de huer, de courir à qui mieux mieux sur lui. Vous comprenez qu’en ce moment j’aie