Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
PROLOGUE.

entendu nommer Balaam. Le roi Balaac lui avoit fait promettre de maudire les enfans d’Israël ; Notre Seigneur qui ne le voulut souffrir, plaça devant l’ânesse son ange armé d’un glaive étincelant. Balaam eut beau frapper la pauvre bête, le fouet, le licou, les talons n’y faisoient rien ; enfin, l’ânesse, avec la permission de Dieu, se mit à dire : « Laissez-moi, Balaam, ne me frappez pas ; ne voyez-vous pas Dieu qui m’empêche d’avancer ? » Assurément Dieu peut, et vous n’en doutez pas, donner également la parole à toutes les autres bêtes ; il feroit même plus encore : il décideroit un usurier à ouvrir par charité son escarcelle. Cela bien entendu, écoutez tout ce que je sais de la vie de Renart et d’Ysengrin.