Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
LE TRANSLATEUR.

artistes ; nous avons tout cela de notre temps, et je suis persuadé qu’il y aura de tout cela longtemps encore. Pierre de Saint-Cloud, l’heureux génie auquel nous devions déjà le Partage du Lyon, et la Ferme de Berton le Maire va, le premier, mettre en scène sous les apparences de Noble le lion, de Renart et d’Hersent, d’Ysengrin, de Lombart le chameau et de Brichemer le cerf, tout le système politique de son temps, le Roi, la Cour, l’Église, les Chevaliers et les Femmes. On connoîtra peut-être mieux les véritables formes de la justice féodale sous le règne de Louis le Jeune, après avoir lu le Procès de Renart, qu’en essayant d’accorder ce que les légistes modernes ont tenté de nous en apprendre. Cette étude pourra bien aussi contribuer à diminuer les préventions que nous gardons involontairement contre l’indépendance et la solidité de jugement de nos pères ; car les auteurs du roman de Renart ont dû la principale vogue de leurs récits à la peinture des mœurs dont ces récits étoient l’expression fidèle.

Les gens de religion, en transmettant aux générations postérieures tout ce qu’ils écrivirent jamais, nous ont bien donné le change sur les habitudes des gens du monde de leur temps, lesquels agissoient beaucoup, mais n’écrivoient guère. Le nombre infini de livres pieux et