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YSENGRIN DANS LE PUITS.

fit un effort, se souleva et parvint lentement à se traîner jusqu’aux premiers buissons qui annonçoient la forêt. C’est là que son fils le retrouve : « Ah ! cher père, qui vous a mis en pareil état ? — Fils, c’est Renart le traitre, le felon, le pendart. — Comment ! ce nain roux qui, devant nous, fit honte à ma mère et nous a sali de ses ordures ? — Lui-même, et que le juste ciel me donne le temps de le bien payer ! » Ce disant, Ysengrin prenoit son fils par le cou, et soutenu par lui, parvenoit au seuil de sa demeure. Dame Hersent en le revoyant dans cet état cria plus haut que les autres et parut désolée de la mésaventure de son cher époux ; on se mit en quête de bons mires, on les amena, ils s’empressèrent de visiter les plaies, de les laver, d’y appliquer de bons topiques, et de préparer au malade une potion faite des simples les plus rares. Grace à leur science, le malade recouvra ses forces, il retrouva l’appétit, il put se lever, il put marcher. Mais s’il désiroit vivre c’étoit dans l’espoir que l’occasion se présenteroit bientôt de tirer du traitre Renart une vengeance complète.