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RENART ET LE BERGER.

Renart se soucie de vous servir ; il prend ses ébats pendant que vous perdez patience. Il a trouvé pour lui, il ne demande rien de plus. On peut l’envoyer chercher la mort ; sûr moyen de l’attendre longtemps ! Si vous le trouvez bon, sire, nous pousserons de ce côté, au moins saurons-nous de lui ce qui l’y retient. — Soit, » dit le Roi ; « mais par saint Julien ! si Renart nous a joués, il le paiera cher et n’aura pas de longtemps envie de recommencer. »

Pendant qu’ils arrivoient de fort mauvaise humeur, le vilain avoit longtemps battu l’eau, avoit plongé deux fois et deux fois remonté, et perdoit tout ce qui lui restoit de forces. Renart, de son côté, souhaitoit d’en finir pour retourner plus vite auprès du Roi ; il fait rapidement un amas de grosses mottes de terre et les jette dru comme grêle sur le dos du patient qui plonge pour la troisième et dernière fois. Le vilain demeura sous les eaux, arrêté dans les herbages. Dieu veuille le recevoir dans son paradis ! Du moins peut-il être sûr qu’à compter de ce jour on ne fera plus sur lui de mauvaises chansons. Quant à la proie, elle étoit à nos chasseurs, rien ne les empêchoit plus de s’en emparer.

Après ce grand exploit, damp Renart se mit au retour, et, comme on a vu, Monseigneur Noble