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VINGT-ET-UNIÈME AVENTURE.

lère mêlée de dépit : « Vraiment, on parle de moi chez nos voisins ! Le vilain dit : Tel appelle sa honte qui pense à la venger. Je puis le dire hautement ; jusqu’à présent je n’ai pas eu de pensée mauvaise : mais puisque Ysengrin m’accuse, je veux lui donner raison ; et dès aujourd’hui, Renart, j’entends que vous soyiez mon ami. Comptez toujours sur mon bon accueil, j’engage ma foi d’être entièrement à vous. » Renart, charmé de si bonnes paroles, ne se les fit pas répéter. Il s’approcha de dame Hersent, la pressa dans ses bras, et les nouveaux amans firent échange des promesses les plus tendres. Mais les longs propos d’amour n’étoient pas au goût de damp Renart ; il parla bientôt de séparation et de la nécessité de prévenir le retour d’Ysengrin. Avant de sortir de la maison, il a soin de passer sur les louveteaux et de les souiller de ses ordures. Toutes les provisions qu’il rencontre il s’en empare, puis il revient une seconde fois aux louveteaux qu’il bat comme s’il eût voulu les faire taire, mais en réalité pour mieux les obliger à parler. Il les traite d’enfans trouvés, sans craindre la honte qui devoit en retomber sur Hersent. La dame, dès qu’il est parti, prend les louveteaux, essuie leurs larmes, les flatte et les carresse. « Mes enfans, » leur dit-elle, « au moins ne direz-