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DIX-HUITIÈME AVENTURE.

rien perdre, je veux y laisser la queue : elle donnera au chaperon meilleur air, elle tombera plus agréablement sur la nuque. Voyez comme elle est grande et bien fournie !

« — C’est fort bien, » répond l’autre ; « mais vous ne parlez pas de la part qui m’en revient. — Votre part ? Eh ! ne voyez-vous pas, maître Turgis, que j’ai besoin de la robe entière ? ainsi vous me la laisserez. — La laisser ? pourquoi, s’il vous plaît ? Suis-je de votre hôtel, avez-vous jamais rien fait pour moi ? — La peste soit de vous ! » dit Rufrangier ; « des ladres on ne doit rien attendre. Partageons donc, j’y consens. Mais le moyen ? — Je vais vous le dire : vous désirez en faire un chaperon, n’est-ce pas ? eh bien, nous la donnerons à priser, et vous me paierez moitié de la valeur. — Faisons mieux encore, dit Rufrangier ; « car je veux toute la bête : allant de compagnie au Synode, nous devons prendre hôtel et manger, durant le voyage : je propose de payer double écot, mais à la condition que vous céderez votre part du chat. — Ne disputons pas, » répond Turgis, « j’y consens. — Il ne s’agit plus que de prendre le chat : qui s’en charge ? — Ah ! » dit Turgis, « ce ne sera pas moi : qui le doit avoir le happe ! — Je vais donc y pourvoir. » Disant cela, et pendant que Tur-