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LE PARTAGE DE L’ANDOUILLE.
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DIX-SEPTIÈME AVENTURE.

Comment Renart et Tybert, redevenus bons amis, font la découverte d’une andouille que Tybert emporta et que Renart ne mangea pas.



Vous avez vu comment Renart avoit à grand peine tiré sa jambe du terrible piège. Quand il eut un peu dormi d’un sommeil agité, il se remit tristement en chemin, clochant du pied et pressé d’une faim cruelle. Tybert le croyoit bien mort, quand il le vit arriver à lui, la queue basse, l’œil doux et bienveillant. Ce n’est pas qu’à la vue de celui qui l’avoit si bien joué, le sang ne lui frémît violemment ; mais, pour assurer sa vengeance, il sentit qu’il falloit se contraindre.

« Eh ! Tybert, quel vent vous mène, » lui dit-il en le voyant fuir ; « là ! là ! ne courez pas si vite. Laissez-moi vous dire quelques mots : avez-vous oublié la foi jurée ? Si vous pouviez me supposer la moindre rancune, vous seriez dans une grande erreur. À Dieu ne plaise ! j’ai repris ce chemin, uniquement dans l’espoir de vous rejoindre, comme mon féal chevalier. » À ces paroles doucement