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PRIMAUT ET LE CORPS-SAINT.

lequel Renart prend les autres ou se laisse prendre, a plusieurs fois éveillé l’émulation des trouvères françois. C’est par là que vont commencer les faits et gestes de maitre Tybert le chat, héros digne de disputer à Renart le prix de la ruse et de la malice, ainsi que vous verrez, Lecteur, si vous voulez bien écouter la suite de notre très-véridique histoire. Nous reprenons le récit au moment où, grâce au frère convers, Renart a mis en défaut les veneurs qui le poursuivoient.


SEIZIÈME AVENTURE.

Comment Tybert prit les soudées de Renart, et comme il en cuit de s’attaquer à un vieux chat.



Échappé de la rencontre des veneurs et du Frère convers, Renart avoit gagné de larges fossés qu’il connaissoit, et les avoit mis entre la meute et lui. Mais il avoit grand besoin de repos : sa faim, plusieurs fois irritée, n’avoit pas été satisfaite ; il se promettoit de prendre une autre fois sa revanche du Corbeau, de la Mésange et surtout de Chantecler quand, au détour d’un vieux chemin, il aperçoit Tybert le chat, se déduisant avec lui-même et sans compagnie. Heureux Tybert ! sa queue lui suffisoit pour exercer