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PRÉFACE

DE LA PREMIÈRE ÉDITION


Mes chers confrères et amis, David de Penanrun, Roux et Delaire, m’ont gracieusement demandé de mettre quelques mots à la tête de cet ouvrage. Ils se sont imaginé que je pourrais présenter leur livre quand, au contraire, c’est le livre qui me présente, en excellente compagnie du reste ; c’est le monde renversé ! D’ailleurs, à quoi bon ? Dans leur introduction, les auteurs ont dit tout ce qu’il fallait dire ; de sorte que ce que j’ai de mieux à faire, c’est purement et simplement d’y renvoyer le lecteur, comme je m’y suis renvoyé moi-même, pour bien comprendre le grand intérêt de leur travail, et me rendre compte des difficultés vaincues.

Songez donc ! il fallait donner corps à une idée ; il fallait rechercher d’innombrables documents ; il fallait surtout décider les architectes à qui l’on faisait appel, à laisser de côté toute modestie ou tout amour-propre, pour qu’ils consentissent à faire une sorte d’autobiographie, en indiquant leurs œuvres et leurs distinctions honorifiques. Si vous croyez que c’est une satisfaction que de remettre au jour la nomenclature des produits du passé, nomenclature qui vous montre que le temps s’est écoulé, que les collaborateurs d’antan ont disparu et que la fin de la carrière approche ? Si vous croyez aussi qu’il est agréable pour ceux qui n’ont pu encore faire preuve de leur talent de ne rien inscrire après leur nom ?

Voyez-vous, c’était la grosse difficulté, et elle n’a pu être surmontée en partie, que parce que les anciens ont cru qu’il était bien, en somme, de faire voir aux plus jeunes que, si parfois on attend longtemps, l’attente ne dure pas toujours ; puis parce que les jeunes ont pensé qu’il n’était pas mal de montrer aux anciens que, si en architecture, c’est presque toujours l’occasion qui fait le génie, ce ne sont pas seulement les honneurs qui font les artistes. J’en sais bon nombre qui tiennent grande place dans l’estime de leurs confrères, sans avoir ces rubans qui se mettent en lisérés, en rosettes ou en cordons.

C’est pour cela que beaucoup ont compris que si une utile et cordiale émulation doit exister entre les membres d’une corporation comme la nôtre, c’est à l’exclusion de tout sentiment d’envie et que l’affection confraternelle découle précisément de la connaissance des labeurs de chacun. C’est un encouragement pour les uns, une aspiration pour les autres, un