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PREFACE

DE LA DEUXIÈME ÉDITION

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Mes chers Camarades,

Notre maître Garnier s’était chargé de présenter de sa plume alerte, la première glorification de notre école d’Architecture de la rue Bonaparte, obtenue par la simple juxtaposition des documents officiels relatant les efforts de ses enfants.

Quel dévouement n’avait-il pas dû constater chez les premiers initiateurs de cette idée si simple, en même temps si large, si harmonieusement promotrice de bons sentiments, d’ambitions prochaines, de fierté française en même temps que de bonne fraternité internationale ?

Pour que vous vous contentiez de la menue monnaie dont je peux remercier ceux qui pour la seconde fois soulèvent ce fardeau, il me faut invoquer l’excuse de ma profonde affection pour le milieu, et plus d’un demi-siècle de pratique des élèves, des maîtres et des choses dont la nomenclature instructive emplit les pages que vous ouvre cette préface.

Quand, en 1855 — après un stage d’une année rue Mazarine, à l’atelier Gilbert, où le hasard de la vie veut qu’après mon maître Questel je professe encore —, je fus reçu à l’École des Beaux-Arts, il y avait dans la section d’Architecture deux cents élèves en seconde classe et quarante-quatre en première classe ; on y comptait quinze étrangers.

Le Diplôme d’Architecte n’existant pas, l’enseignement n’avait pour ainsi dire pas de limite de durée ; pour ceux que la bonne fortune de l’admission en loge ne poussait pas vers les grands concours de l’Institut, c’est la limite des ressources financières de chacun, la conscience des progrès à réaliser, aussi l’appréciation des maîtres, des parents, des patrons chez lesquels on s’initiait à la pratique, qui bornaient la longueur des études.

À ce régime, il n’y avait eu quelque sorte qu’une élite qui prît part aux exercices de l’École ; peu de provinciaux ; parmi les étrangers, surtout des unités éparpillées de diverses provenances ; point d’Américains — alors qu’ils constituent actuellement notre clientèle la plus importante.

C’était pourtant le commencement d’une période de grande activité architecturale, succédant à la stagnation produite par la Révolution de 48 et reprenant la passion de bâtir éclose sous Louis-Philippe le roi des Maçons. Aussi vit-on la progression du nombre des élèves, suivant logi-