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fraîches. On peût ‘diner aussi, assez souvent, de la mênré fäçorr. Cure dë raisfis. = Cure ‘de fraises. (A suivre.) DUT it #8 à “MENUS PROPOS La Féle’de l’Orphelihar ‘dés À PR PEPP PPPPTPRLSPRITPPTPRPSSPSP QUEEN MAB L’Orphelinat des Arts, comme chaque année, a réuni eg une fête imposante tous les admirateurs et amis de l’Œuvre dans le grand amphithéâtre .de la Sorbonne. Cette solennité, présidée par des ministres, — on voyait, à la table d’honneur, M. Île sous-secrétaire d’Etat Bérard, M. Chautemps, Paul Doumer, etc., — garda une grâce familiale tout à fait charmante. Les quatreingts

  • petites filles de Mme

Poilpot, roses, fraîches, souriantes, dans Icurs petites robes écossaises, un nœud rouge piqué dans les cheveux, évoquent assez mal l’idée d’orphelines à plaindre. On comprend surtout qu’elles sont pourvues de marraines dévouces et fendres, et qu’elles se partacent le cœur de la meilleure des mamans, Mme Poilpot.. Un discours touchant de la présidente en donna l’assurance. L’Œuvre est en pleine prospérité ; elle a même du bien au soleil, et a pu s’adjoindre l’Orphelinat des garçons de la Fraternité Artistique. M. Bérard .a rendu un juste hommage à l’infatigable, à. la merveilleuse directrice de lPŒuvre, Mme Poilpot, à M. Th. Poilpot, qui apporte aux deux Œuvres son expérience et son dévouement. Puis, la distribution des prix cut lieu. On fit un succès aux « prix de gentillesse », obtenus par des petites bonnes femmes de trois.ans, et on applaudit fort les lauréates de lfEcole Ménagère, de la sténodactylographie, et les candidates heureuses des brevets de capacité. Un superbe iconcert termina la séance. On cut la’ joie d’entendre le plus petit « tambour de France :». rouler des charges extraordinaires ; puis, Le Bourgeois Gentilhomme,

joué, par : la Comédie-Française :

Truffier, Siblot, Ravet, Reynal, etc. Enfin, Mile Croizati Mik.. Fumagalli, et le délicieux ténor. mondain, M. Le Lubez, chantèrent de façon à ravir l’auditoire. Magdeleine Godard fit chanter son violon ; Chepfer fit pouffer la salle par ses imitations de comédiens célèbres, et Reynaldo Hahn voulut donner aux enfants cette preuve d’amitié charmante, en venant chanter quelques-unes de ses œuvres. Ce fut -une. journée d’art et d’amitié, comme, Seul, l’Orphelinat des Arts peut en Offrir. ....,. :: Les Femmes et le Secret Un dernier écho pour répondre à Îa question :

« Les’ ‘hommes sont-ils plus discrets

que les femmes ? >» : jun effrovable secret, mon âme était pleine. in mystère, à Lai, J’en contai la nouvelle. le soir, à stupeur ! les échos la répétaient :; Le bouche .en bouche, la colportaient, l’ampli- [finient. — Hein ! qu’est-ce à dire ? Vus promesses étaient | [vaines ? — Ah ! me dit-il, les murs avaient tous des oreil- [les Mme ALBERT LENOIR. SERGINETTIE. D#8 #8 LES CERCLES DES « ANNALES » Nos lecteurs trotiveront, à la payre XVI : des anaonces, les Comptes rendus des récentes rémmgns et M ECopvright by François Fabié, 1113 Îles Communications des HSE :s des Anral&. , Ausails depuis lo 6 avril 1915.


Au souper, devant les siens, Aline reparla de la lettre de sa tante, et demanda qu’on lui permît d’aller passer huit jours auprès d’elle.

Tout de suite, Terral fut sur ses ergots. Elle choisissait bien son moment pour s’absenter ! Le lendemain, Cadet allait à Saint-Jean pour le Conseil de révision. Joseph était attendu dans plusieurs moulins ou scieries. Il fallait porter de la planche à Albi, achever de retirer le bois des coupes du Lagast, semer les pommes de terre, planter le jardin…

La mère intervint, timidement, comme toujours.

– Si ma sœur est souffrante, cependant ! C’est quand les gens sont malades qu’il convient d’aller les voir… C’est l’affaire d’une semaine au plus… Cette pauvre petite s’est assez fatiguée à me soigner durant quatre mois, pour qu’on lui accorde le petit congé qu’elle demande.

– Et puis, reprenait Terral, est-il bien convenable qu’une fille comme Linou fasse seule un tel voyage ?

– On ne m’enlèvera pas, père, répondait-elle en s’efforçant de sourire.

Et l’oncle Joseph, à son tour, approuvait :

– Il ne s’agit que d’aller prendre à Saint-Amans la diligence de Saint-Jean à Rodez, laquelle correspond, à la Primaube, avec la voiture du Levezou à Villefranche. J’accompagnerai Linou à Saint-Amans, en allant travailler à la scierie de Castaniers ; et, à la Primaube, le conducteur Carrière, à qui je la recommanderai, l’embarquera dans le courrier qui la déposera à Villefranche même, à la porte de son couvent. Et le retour ne sera pas plus difficile que l’aller.

– Bien, fit aigrement Cadet, et moi ? Il paraît que je ne compte pas ? Tu veux partir sans même savoir si je suis ou non soldat pour sept ans ? Tu es encore gentille !…

Sensible à ce reproche, Linou courut à son frère et l’embrassa.

– Hé, mon bon Cadet, ton numéro, ne sera même pas appelé ; et, s’il l’était, je suis sûre que tu ne serais pas soldat : nous avons bien trop prié pour toi, avec maman.

Cadet haussa les épaules.

– Voilà bien des raisons de dévote ! fit-il en ricanant.

– D’ailleurs, frère, pour te faire plaisir, je ne partirai que mardi. Cela te va-t-il ainsi ?

Personne ne faisait plus d’objections ; et il sembla à Linou qu’elle avait dans la main la clé de la porte par où elle allait s’évader… S’évader !

Quel mot, quelle action surtout, pour une honnête fille !… Elle qui avait eu toujours horreur de la dissimulation et du mensonge, elle allait tromper sa famille, disposer de sa vie sans même consulter ceux de qui elle la tenait !…

Toute la nuit, dans une insomnie tenace, elle tourna et retourna ces idées dans sa tête fiévreuse. Tantôt, en songeant à la douleur de sa mère et de Jean, elle se promettait de revenir sur sa détermination ; et, tantôt, elle s’y affermissait davantage par l’évocation de son vœu et de la guérison de la chère malade qui, pour elle, en était la conséquence, et par le ressouvenir de ses lectures pieuses : « Tu quitteras ton père et ta mère… » Cette phrase revenait sans cesse dans son esprit ; et elle se l’appliquait comme un commandement d’en haut. « Tu quitteras ton père et ta mère… » Est-ce qu’on ne voyait pas souvent des jeunes filles, contrariées dans leur amour, s’échapper de la maison paternelle et suivre ceux à qui elles s’étaient promises ? On les excusait, on les mariait, et nul ne leur jetait le blâme. À combien plus forte raison devait-on être indulgent envers celles qui s’en allaient, même en cachette, vers le fiancé divin et des noces mystiques !… Cet argument finit par tout emporter.

Le lendemain tandis que Terral était à la forêt, Cadet au chef-lieu de canton, et l’oncle Joseph à la scierie, Linou, tout en aidant sa mère, comme de coutume, faisait ses préparatifs de départ.

Mais quels serrements de cœur à toutes les choses qu’elle quittait ! Quelle angoissante journée d’adieux, d’autant plus déchirants qu’il les fallait dissimuler : adieux aux bêtes, adieux au lavoir, au jardin, à sa chambrette de jeune fille, où, par la fenêtre ouverte, le vieux poirier semblait lui tendre ses rameaux en fleurs, dans lesquels deux chardonnerets commençaient leur nid… Au jardin, elle s’arrêta à regarder les ruches et les avettes qui en partaient, rapides et vibrantes comme des balles d’or, et y revenaient alourdies de butin ; plusieurs bourdonnaient autour de ses cheveux ; une, même, se posa sur sa manche, lasse, sans doute, sous la charge de ses minuscules corbeilles emplies de pollen.

En vaquant aux soins du ménage, elle s’interrompait parfois pour contempler longuement le visage chéri de sa mère, si maigre et si pâle encore, et ces yeux d’infinie tristesse, qui avaient tant pleuré déjà, et qu’elle allait tant faire pleurer encore.

– Qu’as-tu donc à me regarder ainsi ? dit tout à coup Rose. Qu’est-ce que j’ai de particulier aujourd’hui ?

– Rien, maman, sinon que tes couleurs reviennent, et que tu es un peu mieux portante chaque jour…

Mais, à la dérobée, elle continuait de l’observer avec ferveur : on eût dit qu’elle voulait s’enfoncer profondément dans la mémoire l’image auguste, pour l’emporter vivante et la conserver à jamais.

L’après-midi, sous un prétexte quelconque, elle s’enferma dans sa chambre et écrivit au curé de La Garde :

« Monsieur le curé,

J’ai fait ce que vous m’aviez recommandé : j’ai prié et j’ai supplié Jésus et la Vierge de m’inspirer. Et je pars demain matin pour Villefranche, censé pour aller voir ma tante la religieuse, qui nous écrit qu’elle est malade, mais avec l’intention de rester là-bas, et de me faire religieuse moi-même ; je sens que c’est ma vocation… Vous savez, d’ailleurs, que je l’ai juré, la nuit où maman a manqué mourir… Il est vrai qu’à la suite de votre visite, il m’était revenu des hésitations. Je plaignais Jean ; et même, le lendemain des obsèques de son père, je l’ai vu si malheureux que, devant ma mère qui m’implorait pour lui,