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trop rouge et trop mince, si sa vitalité est dé,à trop compromise, le médecin ne pottrra plus toujours empêcher l’éclatementde la peau. Voilà pour le cas de glande ramollie. Mais dans le cas de la glande dure, ‘les parents ne doivent pas attendre non plus pour aller au médecin, qui saura, par des injections dont nous avons donné la formule, guérir aussi ces glandes dures, sans jamais recourir à l’opération sangiante, Et les guérisons des deux variétés de glandes du oou, qu’on obtient ainsi par nos traitements conservateurs, sont infiniment plus nombreuses et plus sûres que celles obtenues par les opérations sanglantes d’autrefois. Nous pouvons en témoigner, nous qui opérions les adénites il y a vingt-cinq ans et qui, depuis vingt.ans, ne les opérons plus jamais. Mais que dire de la gualité de fa guérison ! Avec le bistouri, elle ne va jamais sans mutilation. L’opération laisse forcément une cicatrice, tantôt rouge, turgescente, « chéloidienne », tantôt gaufrée, d& cou’eur blafarde, maïs toujours disgracieuse et indétébile. — Toute cicatriæ au cou, disait ke professeur Berger, disquatifie irrémédiablement une femme. J’ai connu, ajoutait-il, une grande dame, pourtant intelligente et bonne, qui, jusqu’à sa mort, arrivée à un âge avancé, a traité son chirurgien de bourreau, pour une incision qu’il lui avait faite au cou, dans son enfance. | Et, sans aer jusque-là, les jeunes filles ou jeunes femmes opérées pour des adénites cervicales n’aurajent-elles lpas un peu le droit de dire de leurs chirurgiens : — Dieu nous garde de tels amis ! Car cette glande était à peine visible, et La cicatricæ l’est beaucoup. La glande pouvait se résorber ou, du moins, 6e guérir par des LES ANNALES.

injections faites avec une petite aiguiMe À morphine,

et la marque du bistouri ne disparaîtra jamais. Elle sera pour ces jeunes filles, jusqu’à la fin de leurs jours, une cause de tristesse infinie, les empêchant de s’établir et de mener une existence normale. Et il ne s’agit pas seulement des jeunes files du monde ; combien de domestiques que leurs larges cicatrices du cou empêcheront de se placer et de gagner leur viel CONCLUSION On peut souvent éviter les glandes du cou. Lorsqu’on n’a pas pu les éviter, on peut Îes guérir intégralement, sans cicatrice, au moyen de simples ponctions et injections ; mais, pour cela, il faut que les parents conduisent leurs enfants, avant l’ouverture des glandes ramollies, à l’un des médecins (aujourd’hui très nombreux) familiers avec cette méthode des ponctions qui assure égaement, sans mutilation et sans tare, ta guérison de toutes Îes autres glandes tuberculcuses de l’organisme. Sans doute, cette méthode conservatrice réclame, de la part du médecin et des parents, de la minutie, de la patience et du temps, tandis que l’opération sanglante est expéditive et brillante ; mais l’opération donne une guérison moins sûre, ct, surtout, elle faisse une marque indélébile d’écrouclles. Guérir sans traces les glandes du cou, ce résultat vaut bien, ce me semble, que parents et médecins se donnent un peu de mat pour l’obtenir. (A suivre.) Docteur CALOT. (De Berck-sur-Mer.) de. LES CERCLES DES « ANNALES 5 Nos lecteurs trouveront, à da page VIII des annoncés, les comptes rendus des récentes réunions et les communications des Cercles des Annales. | à= -HTTR BONE lle parte x | + à —1 us Fourrcau drap de soie Suéde ; Robe de tunique de crépon même nuance imprimée de fleurettes, garniture de dentelle Malines. ceinture et nœud de satin noir Chapeau de picot noir, garmi plumes Suède. blanc. AAUVAgeS. marine, gilet et col satin Chapeau de satin blanc garni de roses et pensées Robe de linon, veste et gamiture en broderie anglaisc, ceinture pékin noir et blanc. Capclme d’Italie ornée dune guirlande de cerises, soie broche r J Original roms, Front Fché 1 :13.


La foire de Peyrebrune, célèbre dans tout le haut Ségala, attire, non seulement la clientèle ordinaire de toutes les foires des régions agricoles, bœufs et vaches et moutons et pourceaux par milliers, et des volailles à charger des charrettes, et des maquignons innombrables accourus au rude trot de leur jument poulinière et déambulant par le « foirail », coiffés du chapeau à larges bords, le teint fleuri et la poitrine bombant sous la blouse bleue (aujourd’hui, elle est noire), – mais encore les domestiques, valets de ferme, servantes, bergers et bergères et vachers de la région, qui ont changé de maîtres ou renouvelé leurs engagements la veille, et qui ont droit à ce jour de congé. Que de rencontres, à cette foire, de jeunesses que les hasards de la loue avaient séparées ! Que d’idylles, nouées, poursuivies ou dénouées, autour des baraques des marchands forains où l’amoureux achète à son amie quelques colifichets ; entre les paniers pleins de cerises vermeilles, moins fraîches encore que les joues et les lèvres ; à travers le foirail des cochons, des volailles ou des brebis ; et surtout dans les auberges, qui regorgent de la cave jusque sous les charpentes… On s’y attable, par quatre généralement, la jeune fille ne marchant jamais sans une amie et confidente, et le galant ayant eu soin d’amener un compagnon, car tout se passe au fond du Ségala à peu près comme dans notre théâtre classique.

Les filles tirent de leur poche le gâteau cuit sur la pierre de l’âtre, la « coque » ; les garçons apportent des bouteilles et des verres ; on étale sur la table de planches nues non rabotées les cerises achetées aux « révierols » (vignerons venus du vallon, de la « rivière ») ; quelques-uns – des farauds, qui ont passé au régiment – se font servir une « pièce » de veau rôtie ; on s’aligne sur des bancs faits de deux moitiés d’un tronc de hêtre. Et en avant les propos, parfois salés, les bourrades, les étreintes, les cris effarouchés des filles, parfois leurs ripostes en taloches aussi amicales que formidables !

Mais ce sont les plaisirs des couples vulgaires, délurés, un peu grossiers. Les délicats et les timides – et il y en a, parmi nos rustiques, bien plus que ne se l’imaginent ceux qui ne les connaissent que par La Terre de Zola – vivent leur idylle en plein air, devant les « banques » des marchands, devant leurs bœufs, leurs brebis ou leur volailles, qui les regardent béatement ; tout au plus s’émancipent-ils, à un détour de rue, sous un sureau en fleurs, ou en s’accompagnant quelques pas par les chemins creux, le soir, jusqu’à se serrer longuement les mains, à se tenir tendrement par le petit doigt, se donnant rendez-vous à quelque autre foire, ou à quelque fête patronale lointaine.

Il en fut un peu ainsi de la rencontre