Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

force armée, pour disperser les citoyens réunis légalement. On acheva néanmoins de rédiger la pétition dans laquelle on demandait que les commissaires convoquassent les sections pour connaître, par leur organe, ce qu’ils refusaient de savoir, par des rapports particuliers, sur les actes de la municipalité.

Lorsque cette pétition fut présentée aux commissaires, Legendre demanda de combien de signatures elle était revêtue. — De huit cents, répondit-on. — La loi, dit-il, n’en veut que cent cinquante. — On lui fit observer que la loi, en fixant le minimum exigé, n’avait pas pu défendre le plus grand nombre. — Taisez-vous, s’écria Legendre furieux, vous n’êtes que des factieux ; la force armée est là, je marcherai à sa tête contre vous.

La pétition, étant inutile, allait être rendue à ceux qui l’avaient présentée, lorsque Legendre, l’arrachant de leurs mains, leur dit : Je garde vos signatures, vous répondrez sur vos têtes des troubles qui arriveront. — Et aussitôt, il en donna la copie à Chalier, qui courut au Club central : Nous les tenons, s’écria-t-il, j’ai tous leurs noms ; au premier mouvement il faut qu’ils soient tous égorgés. — Il fit ensuite afficher une liste imprimée de ces noms, sous ce titre homicide : avis aux sans-culottesCopie sincère et véridique de la pétition contre-révolutionnaire, ensemble les signatures.

Après le siège de Lyon, l’église fut convertie en entrepôt et en magasin ; plus tard encore, le couvent devint une caserne, la gendarmerie y fut installée le 18 germinal an V. Il est aujourd’hui l’école de la Martinière, dont il faut dire un mot.

Claude Martin, fils d’un tonnelier, naquit à Lyon en 1732. Il s’enrôla très jeune dans les guides du général Lally, qui se rendait dans les Indes. Il se fit remarquer et devint successivement sous-lieutenant et capitaine. Plus tard il devint major-général, et fut l’ami et le confident du nabab d’Aoude. Cette situation lui fit faire une fortune considérable, qu’on a évaluée à douze millions. Il mourut à Luknow, dans le Bengale, en 1800. Il laissa à la ville de Lyon une somme de près d’un million, à la charge par elle de fonder une école professionnelle de filles et de garçons. Jusqu’à ces dernières années,