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LES GRANDS AUGUSTINS

Les Augustins présidèrent aussi à la naissance de l’art dramatique parmi nous. Ils eurent, eux aussi, leurs confrères de la Passion, qui jouaient les beaux mystères. En 1493, Charles VIII et Anne de Bretagne, son épouse, passèrent à Lyon ; les confrères jouèrent devant les augustes personnages la Vie de sainte Madeleine. Plus tard, en 1506, un acte consulaire rapporte que Mgr l’évêque suffragant de Lyon présenta requête au Consulat par deux religieux du couvent des Augustins, afin de leur prêter la place des Terreaux, aux fossés de la Lanterne, pour jouer le Jeu de saint Nicolas de Tolentin, que ledit couvent voulait faire représenter. Le Consulat permit et prêta la place.

Or, il est dans le tempérament lyonnais d’aimer peut-être plus qu’ailleurs ces sortes de divertissements. Ils donnèrent l’idée à un citoyen de notre ville, Jean Neyron, d’élever un peu plus tard un vaste théâtre entre l’église des Augustins et celle de la Déserte. On y continua à jouer des mystères et-des vies de saints. Je me demande si la Crèche, ce divertissement si exclusivement lyonnais, la joie de nos jours d’enfant, presque inconnu aujourd’hui ; la Crèche, où l’on voyait la naissance de l’Enfant-Dieu, agrémentée du père et de la mère Coquart, avec leur rhume et leur lanterne, n’est pas un reste de ces beaux mystères, que jouaient autrefois, au couvent des Augustins, les confrères de la Passion. Qu’on était loin du réalisme d’aujourd’hui !

Les Augustins furent mis au nombre des quatre ordres mendiants par le pape Pie V, en 1567, quoiqu’ils possédassent des rentes et des biens-fonds. Ils n’étaient pas riches cependant ; leurs trésors, c’étaient leurs livres et leurs manuscrits ; leur pauvreté ne les sauva pas des bandes calvinistes qui leur enlevèrent leurs titres et leurs trésors littéraires.

À la fin du dix-septième siècle survint un singulier épisode dans la vie conventuelle de nos religieux. Il y avait en France six provinces augustines, celles de Bourges, de France, de Toulouse, de Provence, de Bourgogne et Narbonne, et après la conquête de la Flandre, celle de Flandre française. Les Augustins de Lyon faisaient