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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

ce qu’il a et ce qu’il pourrait désirer avoir. J’exhorte les autres, autant que je le puis, à faire la même chose ; et par la miséricorde de Dieu, j’ai des compagnons de ce genre de vie, à qui je l’ai inspiré par mon ministère. » « Vous savez, dit-il encore aux habitants d’Hippone dans un de ses sermons, que, venu jeune dans votre ville, je cherchais où je pourrais établir un monastère, afin de vivre avec mes frères, et que le vieillard Valère, me voyant dans cette pensée, nous donna le jardin dans lequel est maintenant le monastère. » Ces passages ne sont-ils pas aussi clairs que possible ? Ces monastères allèrent se multipliant, car Possidius dit que saint Augustin laissa en mourant plusieurs monastères d’hommes et de femmes. Plusieurs disciples de saint Augustin devinrent évêques et fondèrent à leur tour des monastères sur le modèle de celui qu’ils quittèrent. La vie conventuelle se multiplia. L’invasion des Vandales dispersa ces religieux qui allèrent ailleurs fonder d’autres maisons.

L’ordre des Augustins se divise en deux grandes familles : les chanoines réguliers de Saint-Augustin et les ermites de Saint-Augustin ; les uns et les autres prétendent être les fils spirituels de l’évêque d’Hippone : les plus grands savants n’ont pu résoudre la question. Il s’agit ici des ermites de Saint-Augustin, qu’on appela à Lyon les Grands-Augustins, quand les Augustins réformés ou Petits-Pères vinrent, en 1624, s’établir en notre ville.

Ces ermites se rassemblaient en communautés séparées, distinctes, indépendantes, sans règles générales, sans uniformité de costume ; bientôt ils formèrent diverses congrégations très nombreuses. Mais en 1256, quand le pape Alexandre IV fut monté sur le trône pontifical, cette variété disparate prit fin ; une assemblée générale des supérieurs des diverses congrégations fut convoquée à Rome pour établir l’unité et élire un supérieur général. Un Milanais, Lanfranc Septala, déjà supérieur de la congrégation dite des Jean-Bonites, fut élevé à cette dignité. L’ordre fut divisé en quatre provinces : France, Allemagne, Espagne et Italie. Le pape leur prescrivit un habit qui devait les distinguer des frères Mineurs, et