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LES ANTONINS

que trente et en perdirent cent trente-trois. Toutes les autres congrégations régulières éprouvèrent des pertes dans la même proportion.

En 1775 et en 1780, le clergé de France, dans ses assemblées générales, fit entendre les plus nobles protestations contre l’arrêt qui tarissait les sources de la vie monastique ; il ne put rien obtenir.

Donc, sachons-le bien : la commission royale des Réguliers, née en apparence de la volonté de réformer, mais en réalité animée du parti pris d’anéantir en France les ordres monastiques, poursuivit son œuvre par deux moyens : elle restreignit le recrutement des maisons religieuses et, en même temps, elle prononça leur suppression au cas où elles ne réussiraient pas à avoir ou à conserver le nombre de sujets arbitrairement fixé par elle. La Révolution ne fera qu’achever l’œuvre commencée.

L’ordre des Antonins fut un des premiers à subir les conséquences de l’édit. En 1771, Loménie de Brienne se rendit à l’abbaye de Saint-Antoine, où le chapitre était convoqué, et là, tenant à la main l’édit qui prononçait la conventualité : « Je viens, dit-il aux religieux, vous annoncer que toute réflexion est superflue, toute opposition dangereuse ; vous aurez à fermer de suite toutes vos maisons qui n’ont pas vingt religieux. » L’assemblée voulut soumettre quelques observations ; de Brienne y répondit par de nouvelles menaces de suppression. Les Antonins ne virent de salut pour eux que dans leur union à un ordre plus stable. Ils songèrent donc à s’unir à celui de Malte, qui avait avec le leur une similitude réelle de vocation. L’union fut consentie par les deux ordres, le roi la sanctionna par des lettres patentes, et le souverain pontife Pie VI, par deux bulles en date du 17 décembre 1776 et 7 mai 1777. Les Antonins, il est vrai, ne tardèrent pas à se repentir de cette union ; ils firent quelques tentatives auprès du clergé pour obtenir d’être rétablis dans leur ancien état. Mgr du Lau, archevêque d’Arles, se fit, dans l’assemblée du clergé de 1780, leur éloquent défenseur, mais, malgré les sentiments favorables de Louis XVI, il ne put rien obtenir.