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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

En mémoire de cet événement, le 5 février, fête de sainte Agathe, le Consulat assistait, chaque année, en robe noire, à la messe célébrée dans l’église de Saint-Antoine, et offrait à la chapelle de la sainte un cierge et un cœur de cire blanche.

Les Antonins avaient le droit d’avoir des novices, mais, pour que la régularité y fût plus grande, on sépara le noviciat de la maison conventuelle. Isaac Lefebvre, de qui nous avons une nomenclature de nos églises, dit qu’en 1622, ces religieux avaient fait bâtir l’église et le noviciat de leur ordre à l’endroit dit l’Arbre-Sec, non loin de la place des Terreaux, dans une maison qui leur avait été donnée.

Cet ordre éprouva une réforme devenue nécessaire. Comme beaucoup de congrégations religieuses — les institutions humaines sont condamnées à cette décadence —, celle des hospitaliers de Saint-Antoine, après beaucoup de ferveur, en vint au relâchement. Plusieurs abus se glissèrent dans la plupart des Commanderies ; les supérieurs, qui vivaient en véritables commandeurs, regardaient les maisons dont on leur avait donné la conduite comme un bénéfice qu’ils possédaient à vie, et les résignaient même à l’insu de l’abbé. Il est facile de se représenter ce que dut devenir la vie régulière et conventuelle chez les inférieurs, quand ceux qui doivent être les modèles l’oubliaient si facilement. C’était un grand malheur, sans doute, mais c’était aussi pour ceux que Dieu a mis à la tête de son Église, afin de la régir, l’occasion de montrer toute leur sollicitude pour l’honneur et pour le bien des âmes. Antoine Tolosain, vingt-troisième abbé, avait échoué dans ses tentatives de réforme, mais Antoine Brunel de Grammont V prit les mesures nécessaires pour réussir, et le roi Louis XIII l’aida de son autorité ; alors furent abolies les jouissances privées et indépendantes, et les lettres patentes du roi ordonnèrent (24 décembre 1618) que l’on introduirait la réforme dans tous les monastères. Pour ce qui concerne Lyon, Grégoire XV envoya une bulle à Mgr Denis de Marquemont, archevêque de Lyon, en date du 18 juillet 1622, pour l’érection d’une congrégation réformée de l’ordre de Saint-Antoine. Mais la mort du pape étant