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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Chartreuse de Lyon, et l’on peut voir son tombeau dans la chapelle de la Charité.

Nous avons quelques détails sur la vie intérieure du monastère. La Mère Marie-Jeanne-Baptiste-Angèle rendit un signalé service à sa maison en traduisant en français les constitutions de l’ordre, qui étaient écrites en italien. La ferveur, la régularité, l’esprit d’oraison et de pénitence ne firent qu’y gagner. À cette époque, le jansénisme s’infiltrait partout, quelques couvents de Lyon en furent empoisonnés. Les Annonciades furent loin de donner dans ces erreurs, les communions y étaient très fréquentes, et une religieuse de cet ordre, qui. avait visité plusieurs maisons, put dire de celle de Lyon que c’était le monastère le mieux réglé de tous ceux qu’elle avait vus ;« Les jeûnes, les mortifications, la discipline, le cilice étaient les moindres pénitences ; l’obéissance se pratiquait sans jamais raisonner. Quand les Annonciades affligeaient leur chair, elles se retiraient dans des caves ou cavernes qui étaient dans le vieux bâtiment, et fort semblables à ces grottes dont on nous parle dans la Vie des Pères du désert. Elles faisaient plus : la mortification était en tel honneur que je ne me sens pas le courage de transcrire ce que cette bonne Mère Chausse écrit avec tant de calme. Cette ferveur, bien loin d’éloigner les sujets, les attirait au contraire : pendant les neuf premières années, on reçut trente-sept novices.

Et cependant nous avons à signaler un fait qui n’est pas à la louange des Annonciades. Nous avons vu plus haut tout le bien que leur fit la comtesse de Chevrière, nous avons lu les clauses du contrat de fondation, où il est clairement et positivement stipulé que Mme de Chevrière pourra pénétrer dans le monastère, y demeurer, y coucher. La reconnaissance, l’amour de la vérité, le soin de leur propre intérêt devaient donc conseiller aux religieuses de respecter ce privilège de la fondatrice. Il n’en fut rien cependant. S’imaginant sans doute que leur clôture était violée, elles contestèrent à Mme de Chevrière le droit d’entrer et de demeurer dans le monastère, suivant sa volonté, avec sa demoiselle ou autre fille ou femme de sa suite. La fondatrice