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LES RECLUSERIES





LES recluseries sont une des plus étranges manifestations de la vie religieuse, car elles n’étaient pas autre chose que des tombeaux vivants. On en attribue l’institution à saint Eucher. La recluserie comprenait une cellule et un oratoire sans porte entre l’un et l’autre. La cellule ne devait avoir que dix pieds de large et autant de hauteur ; elle était percée de trois petites fenêtres, l’une ayant vue sur l’oratoire, l’autre destinée à recevoir le jour ; on passait les aumônes par la troisième. Les oratoires étaient aussi fort petits, mais l’étendue n’en était pas limitée. On y célébrait les saints mystères. C’est dans ces sortes de cachots que l’on vit des hommes et des femmes s’enfermer pour le reste de leur vie.

Celui ou celle qui désirait mener ce genre de vie commençait par subir quatre années d’épreuve. Après ce temps, si le postulant persévérait dans son dessein, on procédait à la cérémonie de la réclusion. Après certaines prières, on murait la chambre du Reclus ; l’évêque, accompagné de son clergé, apposait son sceau épiscopal sur la cellule, et assignait au Reclus ou à la Recluse une aumône de trois ânées de seigle par an, et de dix deniers chaque semaine. Vers le milieu du quatorzième siècle, Mgr Guillaume de Thurey, édifié du genre de vie que menaient ces pieux solitaires, chacun à part dans sa recluserie, sollicita pour eux des charités auprès des fidèles.

Il y eut à Lyon neuf recluseries d’hommes et quatre de filles. Il n’en reste rien aujourd’hui.