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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

qu’il appelle indiscret, qu’il veuille bien croire que l’autorité ecclésiastique sera la première à lui dire : Merci, le jour où il nous dira : Le cachot de saint Pothin, il est là. — En attendant, il n’y a rien d’indiscret à aller prier les martyrs là où nous croyons qu’ils furent enfermés.

Nous voici arrivés aux jours de la Révolution ; le monastère de l’Antiquaille comptait alors cinquante-deux religieuses. On voulut élargir celles qu’on affectait d’appeler des victimes cloîtrées, mais, une seule exceptée, et encore avait-elle cinquante-sept ans, toutes furent unanimes à repousser cette liberté hypocrite qu’elles ne demandaient pas. La loi de 1792 supprima le monastère de l’Antiquaille, qui devint propriété nationale et ne tarda pas à être vendu. Il passa d’abord aux mains du sieur Picot, au profit duquel fut tranchée l’adjudication, le 22 pluviôse an II ; ensuite aux mains de MM. Détours, Mey et Noilly, qui en restèrent propriétaires jusqu’en 1807, bien que la ville en fût locataire depuis quatre ans. Dès 1802, en effet, M. Najac, préfet du Rhône, voulant faire cesser les désordres qui s’étaient introduits dans le dépôt de Bicêtre, à la Quarantaine, confia ce dépôt à une administration de citoyens recommandables, et le transféra, en 1803, à l’Antiquaille. En 1804, un décret concédait le bâtiment de Bicêtre à la ville de Lyon pour en employer le prix à l’acquisition du local de l’Antiquaille ; le maire de Lyon fut autorisé à l’acquérir moyennant la somme de 76.500 fr., acquisition qui eut lieu en 1807. L’ancien monastère de la Visitation devint alors le triste refuge des plus navrantes misères ; des malheureux privés de leur raison, ou atteints de maladies honteuses, des mendiants, des femmes de mauvaise vie y vinrent chercher un asile. Aujourd’hui cette universalité de services n’existe plus ; le dépôt de mendicité a été transféré à Albigny ; une maison d’aliénés a été construite au village de Bron ; on a réuni à l’Antiquaille l’ancien couvent des Chazottes ; les services y sont admirablement organisés, et cet établissement, pour l’avenir duquel l’exiguïté des ressources fit trembler longtemps, est arrivé, grâce aux efforts et au dévouement de tous, à un rare degré de prospérité.