Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/617

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
600
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de la Visitation vinrent habiter l’Antiquaille, elles entourèrent de vénération le cachot et les voûtes sacrées où avaient expiré les martyrs ; elles inspirèrent, par leur dévotion même, la dévotion des ecclésiastiques et des séculiers, et plusieurs faits miraculeux vinrent enfin confirmer ces heureux commencements. La fête de saint Pothin fut de nouveau célébrée, le 2 juin de chaque année, et de ce moment son culte n’a fait que grandir. Jadis il y avait une chapelle et une maison de retraite pour les prêtres placés sous son patronage ; aujourd’hui une grande paroisse de Lyon et un hospice portent son nom, le diocèse tout entier célèbre sa fête avec un filial amour. Ce renouveau fut l’œuvre des religieuses de la Visitation de l’Antiquaille.

Êtes-vous allé à Rome à la prison Mamertine, près du Forum latin et des palais impériaux ? N’avez-vous pas été profondément émus en pensant que saint Pierre et saint Paul y ont été prisonniers ? J’ose dire qu’à Lyon, près de l’ancien Forum et du palais des empereurs, nous avons, nous aussi, notre prison Mamertine, où fut enfermé et mourut notre premier évêque. Montez, pieux pèlerins, visiter le cachot vénéré, et, si vous analysez vos impressions, dites si elles ne ressemblent pas à celles que vous avez éprouvées dans la capitale du monde. Voici, le caveau bas et étroit, voici la colonne qui s’élève au milieu et où furent attachés et flagellés les martyrs, voici les noms héroïques de ces fiers combattants, cara Lugduno nomina, voici l’étroit cachot où fut étouffé saint Pothin. Il fait bon aller là pour prier et relever son courage ; là, on a un certain orgueil à répéter les paroles de nos livres saints : Filii Sanctorum sumus, nous sommes les enfants des saints ; là, on se sent de leur race.

Cette histoire abrégée du passé de l’Antiquaille constitue les traditions avec lesquelles nous avons été bercés, avec lesquelles nous avons grandi ; nous les respections, nous les aimions. Si nous avons eu tort, l’avenir le dira sans doute. En attendant, M. Steyert, dans son récent ouvrage, les nie impitoyablement. D’après lui, là ne fut jamais le palais des empereurs, là ne fut jamais le cachot des