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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

ce monastère ; ses armes sont à la voûte, devant la chapelle, elles portent les deux clefs de saint Pierre, parce qu’il est de la famille de Sixte-Quint.

Cette communauté eut l’heureuse fortune d’être constamment dirigée par des supérieures d’un grand mérite. Parmi elles il faut signaler Suzanne-Marie de Riants de Villerey, septième supérieure de l’Antiquaille, morte en 1724, après avoir gouverné trente ans ce monastère. C’est à elle que sont dus ces trois pavillons carrés de l’Antiquaille, liés entre eux par des constructions inégales, et dont l’ensemble, quoique dépourvu de symétrie, couronne assez bien la colline.

Ce sont les religieuses de la Visitation de l’Antiquaille qui persuadées qu’elles habitaient le palais des empereurs et qu’elles possédaient le cachot des premiers martyrs lyonnais, remirent en honneur la dévotion à saint Pothin, premier évêque et premier martyr de Lyon.

On sait pour quelles raisons saint Polycarpe, évêque de Smyrne, dont saint Pothin fut le disciple, tourna ses regards du côté des Gaules. L’Asie-Mineure, Smyrne surtout, avec son port magnifique, se livrait au commerce, et un grand nombre de négociants asiatiques avaient des rapports fréquents avec les rivages méridionaux des Gaules. Lorsque la colonie de Munatius Plancus se fut transformée en une magnifique cité aux patriciennes villas, aux résidences césariennes, les négociants asiatiques remontèrent le Rhône, s’installèrent à Lugdunum, et établirent leurs comptoirs sur les bords de la Saône. Les ambassadeurs de l’Évangile devaient donc trouver là, avec des peuples nouveaux à convertir, des compatriotes, une langue et des usages connus. Saint Pothin et quelques autres prêtres furent destinés à cette mission lointaine.

On sait aussi quelle fut la conduite des empereurs romains à l’égard des disciples de la religion nouvelle. L’an 177 de notre ère, la première persécution s’éleva contre les chrétiens. Saint Pothin fut saisi et mené devant le préteur, où, sur une réponse digne et courageuse, il fut lapidé et ensuite ramené à son cachot ; il y expira