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LA VISITATION

trompa sur la nature de ce mal inconnu, elle mourut. La seconde fut l’assistante Marguerite-Jacqueline de l’Estang ; le mal se fixa sous le menton, sa tête fut d’abord pénétrée comme d’une horrible migraine, et pendant quelques heures sa raison se perdit. Jusqu’alors les religieuses purent chaque jour entendre la sainte messe et communier ; grâce à ces divins secours, leur courage ne fut pas trop ébranlé, mais bientôt les prêtres ne purent plus entrer dans le monastère. Les Jésuites du grand collège firent alors pour cette maison des prodiges de dévouement, soit pour l’administration des sacrements, soit pour l’achat des provisions et des fournitures dont les religieuses avaient besoin.

La mère de Blonay, de son côté, ne pouvait oublier, dans ces circonstances douloureuses, les religieuses du second monastère, qu’elle avait bien le droit de considérer comme ses enfants. Elle fit venir au monastère de Bellecour les religieuses du Gourguillon qui n’avaient pas été atteintes par le fléau, et envoya trois de ses filles dans la maison que l’on quittait pour y soigner celles qui étaient malades. Les premières, au nombre de dix-sept, s’installèrent à Bellecour, et cette colonie nouvelle n’apporta aucun trouble dans l’exercice de la vie religieuse ; des règlements très sages furent faits, et l’esprit de religion et de charité présida à cet arrangement nouveau. Les secondes furent soignées avec la plus douce charité, et lorsqu’une de ces malades venait à mourir, on couvrait d’un voile noir une fenêtre qui pouvait être vue du monastère de Bellecour, la colonie qui y avait asile faisait alors sonner le glas et disait les offices. La première qui mourut, après la séparation, fut l’assistante, Mme de l’Estang ; la sœur Jeanne Vrillon la servait, elle tomba malade aussitôt après la mort de l’assistante. Elle fut à son tour servie par la sœur Marie-Marthe Normet, qui à son tour tomba malade et mourut. Cette dernière fut suivie dans la tombe par la soeur Marie-Louise de Bourcelet, native d’Avignon ; trois autres religieuses suivirent cette dernière. En résumé, onze religieuses furent atteintes du terrible fléau, et sept moururent. Parmi les quatre sœurs atteintes du fléau et sauvées de la mort se trouvait