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L’ANTIQUAILLE



NOUS avons vu quelle rapide extension avait pris l’ordre de la Visitation. Bientôt, à Lyon, le monastère de Sainte-Marie de Bellecour fut insuffisant, il fallut songer à fonder une nouvelle maison dans notre ville. La mère de Blonay avait été plusieurs fois dans la nécessité de refuser des sujets d’un mérite fort distingué, elle reconnaissait le besoin de cette fondation nouvelle, mais, pour y pourvoir, elle n’avait aucune ressource. Or, voici que deux nobles demoiselles, les demoiselles de Saint-André de Fléchères, voulurent se faire religieuses de la Visitation, et leur père donna trente mille livres pour la fondation nouvelle. Le 28 décembre 1627, quelques religieuses, sous la direction de la mère de Quérard, sortaient du monastère de Sainte-Marie de Bellecour pour se rendre dans une pauvre maison du quartier du Gourguillon, où fut fondé le second monastère de la Visitation de Lyon, le trentième de l’ordre. Une religieuse de cette maison nouvelle, sœur Jeanne-Marie Boton, nous a laissé une relation de cette fondation, à laquelle nous allons faire de nombreux larcins.

Une cruelle épreuve ne tarda pas à tomber sur le nouveau monastère : la peste, la terrible peste de 1628, sévit à Lyon et s’exerça d’une manière bien étrange. Elle fit, nous l’avons vu déjà, de nombreuses victimes dans le quartier des Terreaux et sur la moitié de la colline de Saint-Sébastien, elle ravagea la colline de Fourvière, où la salubrité n’était pas douteuse, pendant qu’elle était inconnue à Bellecour, quartier moins sain et plus humide. Le second monastère fut terriblement éprouvé : quoique, sur l’ordre des supérieurs, on en eût impitoyablement fermé les portes, la peste y pénétra : la première victime fut la sœur Marie-Aimée de Bullioud, d’une des premières familles de la ville ; un charbon lui vint sur l’épaule, on se