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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

les vases sacrés, des sentinelles furent placées autour de la maison, des hommes armés pénétraient, quelquefois au milieu de la nuit, dans le monastère ; des femmes de mauvaise vie se ruaient sur le couvent et y faisaient des perquisitions insolentes. C’est le terme, il ne faut plus songer à disputer le monastère à ces farouches patriotes ; c’est le moment de la dispersion.

Mais Dieu n’abandonna pas ses courageuses épouses. Dès le mois de janvier 1791, des pourparlers s’étaient engagés entre la mère Isabelle de Sales de Fosières, supérieure du monastère de Vienne en Autriche, et Sa Majesté l’empereur Léopold II, pour la fondation d’un monastère de la Visitation à Mantoue. Les négociations traînèrent en longueur, mais elles aboutirent enfin, et les religieuses de Lyon se préparèrent à partir pour l’Italie. C’était difficile. Après mille obstacles, ces nobles persécutées y parvinrent cependant (1793) avec l’insigne relique de leur fondateur, le cœur de saint François de Sales, échappé par miracle aux perquisitions et réquisitions multipliées des autorités locales. De Mantoue, les religieuses de la Visitation Sainte-Marie de Bellecour furent obligées, à cause de l’invasion du Piémont et du Milanais (1796), de s’éloigner du théâtre de la guerre. Elles séjournèrent successivement à Gurk, à Krumau, puis Mantoue étant réunie à la République cisalpine, et Venise cédée à l’Empereur d’Autriche, elles allèrent définitivement s’établir à Venise, où elles sont encore et où les a suivies le cœur de leur saint fondateur.

L’ancien couvent de Sainte-Marie de Bellecour fut plus tard affecté à diverses destinations ; pendant quelques années il servit à l’emplacement d’un manège. Mais en 1833, lorsque l’institution de la Martinière fut installée au couvent des Augustins, la gendarmerie, qui y était casernée depuis le 18 germinal an V, reçut alors en échange un monument tout à fait approprié à sa destination. Il fut élevé sur une partie de l’ancien monastère. M. Gay en donna les dessins et dirigea les travaux. Aujourd’hui il ne reste de cette vie passée que le titre de Saint-François-de-Sales donné à une paroisse de Lyon, et à une petite rue qui longe la caserne de gendarmerie.