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LA VISITATION

que tous les biens ecclésiastiques de France appartenaient à la nation, puis on publia le décret qui prononçait la suppression des vœux solennels. Il fut signifié à la supérieure de Bellecour le 17 novembre 1789 ; enfin un dernier décret, en date du 13 février 1790, proclama la suppression totale de l’état religieux. Ce décret conservait cependant aux membres des divers ordres religieux le droit de vivre et de mourir dans leurs couvents, mais il donnait aussi à tous ceux qui les habitaient la liberté d’en sortir et de jouir de pensions déterminées en proportion des revenus de la maison où l’on avait fait profession. Les pensions assignées aux religieuses du monastère de Bellecour qui en voulaient profiter étaient de sept cents livres pour les professes de chœur et de trois cent cinquante livres pour les sœurs domestiques.

On espérait voir en masse les religieux et les religieuses déserter leurs pieux asiles, il n’en fut rien, ce C’est qu’ils ignorent leur droit à la liberté, ce se dirent les puissants du jour, et ils s’arrangèrent pour le faire connaître à tous. Ils ordonnèrent que les officiers municipaux iraient dans chaque monastère pour y lire le fameux décret, en présence des communautés assemblées, et pour y recevoir en particulier la déclaration de chacun. Cette pénible visite eut lieu au monastère de Bellecour le 14 juin 1790. Cette provocation à la désertion resta sans résultat. De ce moment les vexations devinrent continuelles : on vint faire au monastère l’inventaire des meubles et des papiers ; on venait mesurer le local comme si on en devait disposer bientôt ; on procédait à de fréquents interrogatoires, qui avaient tout le caractère d’une mise en accusation. Et pendant ce temps-là, sous les murs de la clôture, la populace hurlait des chants horribles et obscènes.

Après avoir mis la main sur les revenus et les biens des couvents, le gouvernement rendit un décret chargeant les officiers municipaux de procéder à une nouvelle élection de toutes les supérieures et économes. Cette réélection eut lieu à la fin de janvier 1791 ; à la tête des officiers municipaux se trouvait le fameux Roland, le promoteur le plus ardent des vexations religieuses, qui