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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de renfermer dans notre enclos le pauvre logement sanctifié par le séjour qu’y fit notre saint fondateur en son dernier voyage en cette ville, dans lequel il rendit l’esprit. Nous souhaitions depuis longtemps d’en être dépositaires ; mais les murs de clôture qu’il fallait élever, les autres dépenses nécessaires en arrêtaient l’exécution… Notre très-chère sœur se chargea généreusement des frais de l’entreprise, mais pour avoir la liberté de disposer en notre faveur de la somme nécessaire pour un si saint projet, il fallait attendre trois ans et par conséquent différer sa profession… »

Le couvent de Sainte-Marie de Bellecour fut vite florissant et servit à la fondation de plusieurs autres maisons : Montferrand, Valence, Saint-Étienne, Avignon, Paray-le-Monial, Condrieu, le Puy, Mâcon, Villefranche, Bordeaux, Agen, Varsovie, virent successivement arriver des colonies de Visitandines lyonnaises. À Lyon, comme nous le verrons bientôt, on fut obligé de créer deux autres monastères, l’un à l’Antiquaille, l’autre sur le bord de la Saône, vers Serin.

Le bonheur n’a pas d’histoire, dit-on. La calme et monotone uniformité de la vie religieuse n’inscrit sur les tablettes du temps que ce qui vient la troubler. Plus loin je parlerai de la terrible peste de 1628, qui décima le monastère de l’Antiquaille et qui força les religieuses de cette maison à aller chercher un asile protecteur contre le fléau à Sainte-Marie de Bellecour. J’ai hâte d’arriver aux jours terribles de la grande Révolution et de suivre, dans leurs aventures diverses, les pérégrinations, sur la terre d’exil, des pauvres religieuses proscrites de leur cher monastère de la Visitation Sainte-Marie de Bellecour. Je m’arrête un peu sur ces jours néfastes, car en faisant l’histoire de ces persécutions contre le couvent de la Visitation à Bellecour, je ferai l’histoire de tous les autres couvents qui eurent à passer par les mêmes épreuves.

On commença par demander aux couvents des sommes assez fortes pour venir en aide à la Patrie ; le monastère de Bellecour livra une grande partie de l’argenterie de la sacristie, et notamment un buste d’argent de saint François de Sales ; plus tard, on décréta