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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

abandonnée pour ne laisser aux filles de saint François de Sales que le soin de faire la cueillette des vertus intérieures dans le parterre du divin Époux. Se proposant de rendre accessible à tous les âges et à tous les tempéraments la vie religieuse, impossible à un grand nombre de belles âmes à cause du régime austère des communautés alors existantes, l’évêque de Genève dressa ses constitutions dans cet esprit. Rien n’y paraît austère : faire bien toutes choses, même les plus petites, en s’unissant à Dieu ; ne s’empresser pour rien et ne point perdre sa paix intérieure ; employer de bon coeur toutes les occasions de s’humilier ; supporter et excuser le prochain avec grande douceur ; ne rien demander, ne rien refuser, ne désirer rien que le pur amour de Notre-Seigneur ; telles sont quelques-unes des maximes du saint fondateur.

Le costume consiste en une robe de laine noire faite en forme de sac, assez ample cependant pour faire quelques plis, et ayant des manches longues jusqu’à l’extrémité des doigts, et assez larges pour recevoir les bras lorsqu’ils sont croisés. Le voile est d’étamine noire et tombe en arrière un peu plus bas que la ceinture, le bandeau du front est aussi de couleur noire, la guimpe est blanche et sans pli ; une croix d’argent brille sur ce sévère vêtement. La nuit, les religieuses ont un petit voile noir et une guimpe.

Le 10 juin 1611, saint François de Sales écrivait à sainte Chantal : ce Bonjour, ma très chère Mère, Dieu m’a donné cette nuit la pensée que notre maison de la Visitation, est, par sa grâce, assez noble et assez considérable pour avoir ses armes, son blason, sa devise et son cri d’armes. J’ai donc pensé, ma chère Mère, si vous en êtes d’accord, qu’il nous faut prendre pour armes un cœur percé de deux flèches, enfermé dans une couronne d’épines ; ce pauvre cœur servant dans l’enclavure à une croix qui le surmontera et sera gravé des sacrés noms de Jésus et de Marie. Ma fille, je vous dirai, à notre première entrevue, mille petites pensées qui me sont venues à ce sujet ; car vraiment notre petite congrégation est un ouvrage du cœur de Jésus et de Marie ; le Sauveur mourant nous a enfantés par l’ouverture de son sacré cœur. » Digitus Dei est hic, oui le doigt