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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

branches d’arbre. Elle ne mangeait que du pain et quelques légumes, elle buvait de l’eau, et, pendant le carême, ne mangeait que trois fois par semaine.

Après avoir visité les saints lieux de Jérusalem et d’Italie, Angèle revint à Brescia, où, après plusieurs révélations de Dieu, elle fonda la compagnie des filles de Sainte-Ursule, en 1525. Cette date seule suffit pour rappeler toutes les misères de ce temps-là ; les nouvelles hérésies ruinent les cloîtres, condamnent la virginité, violent la sainteté des religions, et les hommes sont couverts d’ignorance et de corruption. Angèle est l’ouvrière du Seigneur ; aussi, pour répondre aux besoins de l’Église, proportionne-t-elle la création nouvelle aux besoins de son temps. Elle voulut que toutes ses filles demeurassent dans le monde, chacune en la maison de ses parents ; elle leur donna pour loi d’aller chercher les affligés poulies consoler et les instruire, de soulager les pauvres, de visiter les hôpitaux, de servir les malades, de se rendre comme esclaves de tous, afin de mieux engager les âmes à Dieu, selon la parole de saint Paul : Omnibus omniafactus sum, ut omnes facerem salvos. Enfin, elle ordonna que, selon l’exigence des temps, l’on pourrait changer la forme de vie qu’elle avait introduite ; elle en fit une mention particulière dans ses règles, et cette mesure prévoyante, approuvée par les souverains Pontifes, prépara la transformation de l’Ordre. Car, ainsi qu’on le voit, les Ursulines ne furent pas à l’origine ce qu’elles sont aujourd’hui ; longtemps elles vécurent dans l’état d’association, puis cette dévote compagnie de vierges devint congrégation, et un peu plus tard congrégation cloîtrée, trois états bien divers que nous constaterons au cours de ce récit.

Soixante-treize filles vinrent d’abord se mettre sous sa conduite, et en un instant on vit renaître, dans la ville de Brescia, l’esprit des premiers chrétiens, soit pour le soulagement des pauvres, soit pour l’instruction des ignorants. Après avoir laissé à ses filles des instructions pour leur conduite, la douce mère Angèle mourut en 1540. Elle fut canonisée en 1807.

Elle avait voulu que cette association de vierges fût placée sous