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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Bien des fois nous aurons à signaler le vandalisme des bandes calvinistes conduites par le trop fameux baron des Adrets. À Ainay, ce fut une vraie dévastation ; l’église, le cloître, la maison abbatiale furent saccagés. Dans l’église, les corps de sainte Blandine et de saint Badulphe, les cendres, les ossements des martyrs sont réduits en poussière ou jetés dans les eaux du confluent. Les reliquaires nombreux et magnifiques, les livres et les ornements sacrés, les tableaux, les statues sont pillés, brûlés, lacérés, mutilés ; la charpente du comble est démolie, les voûtes et le toit s’effondrent. — Dans l’abbaye il y avait une merveille d’architecture, le cloître, soutenu par de belles colonnes de marbre, bientôt il est démoli ; ce cloître aboutissait à une magnifique salle capitulaire, qui à elle seule était un monument ; la résidence abbatiale, qui était une vaste et somptueuse demeure, n’est bientôt qu’une ruine ; la bibliothèque, très riche de manuscrits, est livrée aux flammes. Quelle sauvage barbarie !

Plus haut, j’ai prononcé le nom de Théodore du Terrail, oncle de Bayart. Il n’est pas sans intérêt de rappeler que le chevalier sans reproche et sans peur fit ses premières armes dans les prés d’Ainay. Lorsque Charles VIII revint en France, après la conquête du royaume de Naples, il séjourna à Lyon. Bayart faisait partie de la suite du duc de Savoie. Pendant les fêtes magnifiques qui furent célébrées en cette occasion, le jeune Bayart, âgé de dix-sept ans, se signala brillamment. N’ayant pas les moyens de se former l’équipage que la cérémonie exigeait, — il s’agissait d’une passe d’armes ou tournoi — il confia son inquiétude à son camarade Bellarbre : « Mon compagnon, lui répondit celui-ci, n’avez-vous pas votre oncle, le gros abbé d’Ainay ? » Et avec la bouillante impétuosité d’un jeune homme, il ajoute : « Je fais vœu à Dieu que nous irons à lui, et s’il ne veut fournir deniers, nous prendrons crosses et mitres. »

Bayart enhardi va toucher aux écus, c’est-à-dire prendre son engagement de prendre part au tournoi, sans même auparavant en parler à son oncle. Le lendemain de bon matin, les deux étourdis