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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

voisine des ruines du temple de Salomon, d’où ils furent appelés Templiers, comme les chevaliers de Saint-Jean étaient appelés Hospitaliers. Ils avaient, par-dessus le haubert de mailles, un manteau d’uniforme, blanc pour les chevaliers, noir ou roussâtre pour les sergents et les écuyers. Eugène III ajouta plus tard la croix rouge au manteau blanc. Ils entendaient la messe trois fois par semaine et communiaient trois fois l’an. Leur vie était confortable, active, disciplinée, peu mystique. La règle leur imposait l’exil perpétuel de leur patrie, et une guerre sans trêve contre les infidèles : ils devaient toujours accepter le combat, fût-ce d’un contre trois, ne jamais demander quartier, ne jamais donner de rançon. Leur étendard, nommé Beaucéant, était mi-parti noir et blanc, avec cette légende : Non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam : non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à votre nom donnez la gloire. La hiérarchie était compliquée ; les principales dignités établies par les statuts étaient celles du grand maître qui avait rang de prince, des précepteurs ou grands prieurs, des visiteurs et des commandeurs de province ou de maison. Au-dessous des simples chevaliers, il y avait les frères sergents et les frères chapelains. Ils avaient leurs assemblées délibérantes ou chapitres.

Les papes les comblèrent de faveurs : exemption des taxes ecclésiastiques, droit d’asile pour leurs églises, bénéfice de l’inviolabilité cléricale, juridiction réservée, etc. Aussi le développement de cet institut fut-il rapide ; il bénéficia d’immenses donations ; il acquit des domaines non seulement en Syrie, mais dans toute l’Europe, il bâtit des ce temples » innombrables. Au commencement-du douzième siècle, il possédait neuf mille domaines en divers États, et en retirait un revenu de cent douze millions de livres environ. Si, en Orient, il est la gendarmerie de la Palestine, en Occident, il devient une grande puissance temporelle, financière et internationale. Il est la banque de la chrétienté. Les capitalistes considérèrent les temples comme des caisses de comptes courants, et les Templiers furent amenés à faire valoir l’argent qu’on leur confiait. Les rois et les princes étaient leurs clients. Ici les détails abonderaient, mais il suffit de