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LA PLATIÈRE

fort antique, qu’elle possédait de riches ornements, consistant en paremens d’autels, chappes, chasubles et tuniques de drap d’or et d’argent, velours cramoisy, satin, etc., le tout estimé à plus de dix mille livres. » — De nos jours, il faudrait sextupler cette somme pour avoir la valeur correspondante. Il est probable que la plupart de ces riches ornements provenaient de cadeaux faits à l’église de la Platière par le pape Innocent IV. — « Que devant la maison du prieuré, à costé de la rue allant à la Pescherie, il existait une chapelle sous le vocable de saincte Madeleine, où l’on venait en grande dévotion et une autre chapelle du costé du vent qui était desdiée à sainct Laurent. — Au chevet de l’église, du costé de l’orient et de la rue Lanterne, existait le cimetière clos de murs. — Le clocher était meublé de six cloches, tant grosses que petites. — L’avant-dernier jour d’avril 1562, les protestants s’emparèrent de l’église et de tous ses ornemens, papiers et diverses maisons appartenant au prieuré. Ils établirent le poids de ville dans l’église, emportèrent les cloches, brisèrent la grande porte qui était en bois de noyer, abbattirent les murs de clôture du cimetière, les chapelles de Sainct-Laurent et de Saincte-Madeleine et diverses boutiques et simultanément la maison du sacristain-prieur. — Celui-ci ayant faict rétablir les portes et fenestres pour célébrer le service divin, elles ont été abbattues pendant la nuict une seconde fois. » Voilà une donnée de plus sur les ravages causés à Lyon par les fameuses bandes du baron des Adrets, qui furent maîtresses de la ville pendant treize mois.

Si, comme tout semble l’indiquer, cette requête est de 1563, M. Saint-Olive aurait tort de dire, en parlant de la procédure entamée, en 1631, par le prieur, dans le but de faire restituer les biens disparus : « Il peut paraître singulier que le clergé de la Platière ait laissé passer soixante-huit ans avant de formuler des réclamations… » Les réclamations au contraire ont suivi les désastres.

Peu après cette malheureuse époque, le prieuré fut mis en commende, et certains prieurs, qui cherchaient plus leur intérêt particulier que celui de leur église, le mirent dans une confusion étrange ;