Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
LA PLATIÈRE

Vous qui passez dans la rue Centrale, en face de l’église de Saint-Pierre, vers la place qui a conservé son vieux nom de Platière, vous doutez-vous qu’à l’époque lointaine dont nous parlons, on était là en dehors de la ville ? Anciennement, il y avait là une recluserie. Cette recluserie devint plus tard une chapelle, et plus tard encore une église, que Leydrade fit rebâtir et qui s’appelait Sainte-Marie-aux-Bois. La ville s’étant fort agrandie de ce côté-là, les bois furent abattus et il y eut alors une vaste place (platea, dont on a fait platière) dont l’église occupait à peu près le centre. Les chanoines réguliers de Saint-Ruf s’y établirent et bâtirent un monastère avec le titre de prieuré. Les moines de l’Ile-Barbe firent quelque opposition à l’établissement des religieux de Saint-Ruf à Lyon, mais les évêques de Mâcon, de Chalon, de Grenoble, et l’abbé de Saint-Bénigne de Dijon, confirmèrent les chanoines dans leur possession. À cause de l’extension de la ville, l’église de la Platière devint plus tard paroissiale. Au dire de S. Grégoire de Tours, elle fut dès l’origine dédiée d’une manière spéciale à la Nativité de la Vierge, Virgini nascenti. D’autre part, nous savons que ces religieux vinrent à Lyon au nombre de neuf, et que l’un d’eux, le sacristain, était chargé des fonctions de curé. Dès ce moment, Notre-Dame de la Platière compta parmi nos églises collégiales.

Son époque de gloire fut le treizième siècle. Des circonstances malheureuses forcèrent le pape Innocent IV à venir chercher un refuge à Lyon. Il y resta six ans. C’est pendant ce long séjour que fut convoqué le premier concile général de Lyon, en 1245. Ce souverain Pontife qui se distinguait par une grande dévotion à la Sainte Vierge, ordonna par un décret de célébrer à l’avenir l’octave de la Nativité, et par sa volonté expresse, elle fut célébrée à Lyon pour la première fois et avec une grande magnificence, dans l’église de la Platière. Le souverain Pontife, suivi du sacré collège des cardinaux, revêtus pour la première fois de la pourpre, jusque-là ornement exclusif des chanoines-comtes de Lyon, vint lui-même présider l’octave qu’il avait ordonnée. De là datent la naissance de la confrérie de la Nativité qui fut si florissante, et l’empressement des