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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de ce mystère. Ce même Pascal II bénit l’autel de Saint-Pothin et de Saint-Badulphe. On y déposa le corps entier de ce dernier et les cendres des martyrs dont j’ai parlé plus haut.

Les papes des douzième et treizième siècles semblèrent se faire un devoir de générosité envers l’abbaye d’Ainay et en accrurent incessamment les privilèges. Ainsi Pascal II octroie à Jocerand, abbé d’Ainay, et à ses successeurs deux ou trois belles églises des environs avec leurs revenus ; une bulle d’Eugène III confirma ces donations ; Innocent IV accorde une indulgence de cent jours à toute personne qui visitera, depuis le dimanche de la Passion jusqu’à l’octave de Pâques, le monastère d’Ainay, où repose, dit la bulle, le corps de saint Martin (sic). Le successeur d’Innocent IV, Alexandre IV, autorise les moines d’Ainay, dans le temps d’interdit général, à célébrer l’office divin à voix basse, à l’intérieur de leur église, pourvu que les portes en soient fermées et qu’on ne sonne point les cloches, faveur insigne qui s’achetait alors à prix d’or de la cour de Rome.

En souvenir des martyrs d’Ainay, saint Eucher avait établi la Fête des Merveilles, qui, pendant plusieurs siècles, se célébra à Lyon avec une grande solennité. C’est ce que nous apprend encore la Chronique de Lamure : « Le temps des persécutions passé, écrit-il, et l’exercice du christianisme devenu libre dans Lyon, on y institua, outre la solennité de saint Pothin et de ses compagnons qu’on célèbre le second jour de juin, une autre fête en l’honneur des miraculeuses reliques de ces mêmes martyrs, laquelle fut « appelée fête des Merveilles, festum miraculorum, nom qui fut donné en mémoire tant des miracles que Dieu fit pour l’assemblage, conservation et révélation de ces cendres sacrées, que de ceux qu’il opéra depuis par la vertu qu’il leur communiqua. »

Pendant la célébration de la fête, tout le clergé de Lyon se rendait au faubourg de Vaise, et, sur des barques, descendait la Saône. La première ligne se composait de cinq embarcations ; au centre, celle du chapitre, à droite et à gauche celles de Saint-Just et de Saint-Paul ; sur les ailes, les bateaux de Saint-Martin de l’Île-