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L’ORATOIRE

En arrivant dans notre cité, les Pères de l’Oratoire s’établirent provisoirement à la manécanterie, située au midi de la Primatiale, et qu’il ne faut pas confondre avec la grande manécanterie, bâtie seulement au dix-huitième siècle, et qui limite au couchant la cour de l’archevêché. L’année suivante, ils achetèrent, sur la colline de Saint-Sébastien, la Maison-Verte, qui appartenait aux Capponi[1], dont nous avons dit un mot en parlant des Carmes. Une fois installés, ils firent élever une petite chapelle qu’ils consacrèrent aux Grandeurs de Jésus.

En 1621, le P. de Bérulle vint visiter cette maison qui n’avait pas cinq ans d’existence. Néanmoins déjà l’Oratoire y était prospère ; l’amour des sciences ecclésiastiques et le culte de la vie intérieure se prêtaient un mutuel appui, et déjà l’on pouvait admirer les fruits d’une si nécessaire alliance dans les sujets formés à cette forte et religieuse école. En 1642, l’état de la congrégation était tel qu’elle acquérait des Espinassy une maison qui joignait leur enclos, et en 1654, Mgr Camille de Neuville, qui avait succédé au cardinal de Marquemont, leur permit de recevoir des clercs qui, sous le nom d’aspirants, y faisaient une année d’épreuve, afin d’être admis dans la congrégation.

À l’époque du Jansénisme, l’Oratoire prit une place considérable dans la querelle. Jansénius témoigna un vif intérêt pour la propagation de l’Institut, et fit établir dix Pères à Louvain. Son intention était d’opposer partout les Oratoriens aux Jésuites. Le P. Bourgoing, supérieur de la nouvelle maison, commença par se laisser gagner avec quelques-uns de ses confrères. Avec le temps, la séduction alla en augmentant, et l’Oratoire apporta un grand appui à la secte astucieuse. C’est dans cette congrégation qu’elle rencontra le fameux P. Quesnel, qui prit la place d’Arnauld à la tête du parti, vers la fin du dix-septième siècle. Sans doute les membres de la maison de Lyon ont dû être imbus des mêmes doctrines, mais l’on ne trouve cependant pas la trace de conflits sérieux ; les

  1. La rue Capponi existe encore pour rappeler le souvenir de cette illustre famille.