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L’OBSERVANCE

partant pour l’Italie, avant cette désastreuse bataille de Pavie, où tout fut perdu fors l’honneur, vint donner à l’Observance un témoignage de sa royale estime. Henri II, qui devait périr sous la lance de Montgomméry, vint s’agenouiller dans la chapelle de Notre-Dame des Anges.

C’est se répéter sans doute, mais il faut, ici encore, parler de l’occupation de Lyon par les bandes protestantes en 1562. Fodéré a une page navrante sur ces brigandages. « À ce couvent de Notre-Dame des Anges, ils y procédèrent avec une telle rage que, ne se contentant pas du vol, ils mirent le feu en tous les endroits, qu’ils le réduisirent tout en cendres, en sorte qu’il n’y resta bastiment quelconque que les voûtes de l’église et du cloître, dont les pauvres religieux prirent la fuite, et se sauvèrent es couvents de la Savoie et de la Franche-Comté. » Ils déterrèrent et profanèrent les restes vénérés du F. Jean Bourgeois et les jetèrent dans la Saône. « Il n’échappa au pillage de l’église que les beaux livres de chantrerie et les principaux ornements d’église ; le P. Thierry, prévoyant bien que la ville n’échapperait pas à la furie des calvinistes, les avait réfugiés à Bourg en Bresse. » Quand les Observans revinrent à Lyon, ils ne trouvèrent que ruine et désolation ; ils étaient dix religieux cependant à loger. Ils se réfugièrent dans une petite maison située près du portail de l’Observance et y demeurèrent douze ans ; ces douze années, ils les employèrent à la reconstruction du couvent détruit : tous les jours ils travaillaient comme manœuvres, donnant le reste du temps à l’office canonial et à la quête des aumônes, qui furent abondantes. Le travail fut long, mais la restauration fut complète, le couvent fut remis dans son premier état.

Nous avons vu souvent déjà que les négociants étrangers, domiciliés à Lyon, avaient ici ou là, presque toujours dans un couvent de la ville, un sanctuaire favori, qu’ils fréquentaient de préférence et qu’ils enrichissaient de leurs dons généreux. Les Lucquois, et en particulier les Bonvisi, jetèrent les yeux sur Notre-Dame des Anges, et y construisirent une remarquable chapelle d’ordre corinthien, qui jurait sans doute avec le style de l’église, mais qui était